Littérature française - exercices, théorie et conseils. Nicolas Quinche

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Argumentation, dissertation - Repérer une thèse

  • ARGUMENTER OU INFORMER ?

 

1. Montrez ce qui, dans cet extrait, relève d’un discours informatif et ce qui participe d’une visée argumentative ( = qui défend une thèse précise). Expliquez la thèse défendue.

 

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Définition. Une thèse est un point de vue que l’on tient pour vrai et que l’on entend faire passer comme tel. La thèse constitue l’idée directrice d’un discours argumentatif.

 

Extrait de l’article « Prêtres » tiré de L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1766).

 

 

PRÊTRES, s. m. pl. (Religion & Politique.)

     On désigne sous ce nom tous ceux qui remplissent les fonctions des cultes religieux établis chez les différents peuples de la terre.

     Le culte extérieur suppose des cérémonies, dont le but est de frapper les sens des hommes, & de leur imprimer de la vénération pour la divinité à qui ils rendent leurs hommages. La superstition ayant multiplié les cérémonies des différents cultes, les personnes destinées à les remplir ne tardèrent point à former un ordre séparé, qui fut uniquement destiné au service des autels; on crut que ceux qui étaient chargés de soins si importants se devaient tout entiers à la divinité; dès lors ils partagèrent avec elle le respect des humains; les occupations du vulgaire parurent au-dessous d'eux, & les peuples se crurent obligés de pourvoir à la subsistance de ceux qui étaient revêtus du plus saint & du plus important des ministères; ces derniers, renfermés dans l'enceinte de leurs temples, se communiquèrent peu; cela dut augmenter encore le respect qu'on avait pour ces hommes isolés; on s'accoutuma à les regarder comme des favoris des dieux, comme les dépositaires & les interprètes de leurs volontés, comme des médiateurs entre eux & les mortels.

     Il est doux de dominer sur ses semblables; les prêtres surent mettre à profit la haute opinion qu'ils avaient fait naître dans l'esprit de leurs concitoyens; ils prétendirent que les dieux se manifestaient à eux; ils annoncèrent leurs décrets; ils enseignèrent des dogmes; ils prescrivirent ce qu'il fallait croire & ce qu'il fallait rejeter; ils fixèrent ce qui plaisait ou déplaisait à la divinité; ils rendirent des oracles; ils prédirent l'avenir à l'homme inquiet & curieux, ils le firent trembler par la crainte des châtiments dont les dieux irrités menaçaient les téméraires qui oseraient douter de leur mission, ou discuter leur doctrine.

     Pour établir plus sûrement leur empire, ils peignirent les dieux comme cruels, vindicatifs, implacables; ils introduisirent des cérémonies, des initiations, des mystères, dont l'atrocité pût nourrir dans les hommes cette sombre mélancolie, si favorable à l'empire du fanatisme; alors le sang humain coula à grands flots sur les autels; les peuples subjugués par la crainte, & enivrés de superstition, ne crurent jamais payer trop chèrement la bienveillance céleste: les mères livrèrent d'un oeil sec leurs tendres enfants aux flammes dévorantes; des milliers de victimes humaines tombèrent sous le couteau des sacrificateurs; on se soumit à une multitude de pratiques frivoles & révoltantes, mais utiles pour les prêtres, & les superstitions les plus absurdes achevèrent d'étendre & d'affermir leur puissance.

 

                                                                                                         Baron d’Holbach

 

 

 



11/01/2014
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